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 Royaume elfique/t.1/L'elfe et le loup

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elfe_magique
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MessageSujet: Royaume elfique/t.1/L'elfe et le loup   Royaume elfique/t.1/L'elfe et le loup EmptyVen 5 Mai - 12:32

Un louveteau abondonné

Minarol T'ilmianus s'enveloppa dans sa cape pour se protéger de la neige. Sa longue marche à travers la forêt l'avait glacé jusqu'aux os. Mais elle rapportait dans ses poches des herbes bienfaisantes pour sa soeur jumelle, Loranim, allitée depuis quelques jours déjà.
A l'approche de la Forteresse, Minarol commença à distinguer, à travers les arbres, les brasiers qui brûlaient en haut des tours, les trois Châteaux qui s'élevaient dans les airs, les hautes maisons des quelques bourgeois fortunés, les attelages de chevaux ou de pégases qui hénissaient nerveusement, la foule dense et bigarrée qui rentraient par la Porte Est. Minarol n'avait pas, comme tous les elfes, peur de la forêt, et c'était sans crainte qu'elle déambulait parmis les arbres, en suivant un sentier qu'elle avait trouvée depuis peu. Elle allait bientôt atteindre l'orée de la forêt ; les grands arbres s'espaçaient de plus en plus. A un moment donné, le chemin s'inclina vers le fond de la vallée et Minarol découvrit la Forteresse dans toute son étendue. Ses vieilles murailles enchantées épousaient les méandres de la rivière et zizagaient autour des maisons qui avaient poussés de façon anarchique. Les façades étaient peintes de couleurs vives, et les dernières bougies s'éteignaient derière les fenêtres possitionées à l'ouest.
Comme le soleil d'hiver plongeait derrière les murs de la Forteresse, Minarol pressa le pas. Il fallait qu'elle atteigne la Porte Sud avant la tombée de la nuit ou le pont-levis serait fermé.
C'est alors qu'elle sentit une présence toute proche. Une présence vivante, mais à peine. Un petit coeur battait près d'elle. Minarol s'immobilisa. En tant que jeune elfe, elle percevait certaines choses, mais n'étant pas particulièrement douée, elle avait besoin de se concentrer. La neige tombait dru autour d'elle ; déjà, elle recouvrait ses empreintes. Puis elle entendit un bruit. Etait-ce un pleur, un reniflement ? Elle n'aurait su le dire, mais cela lui suffit.

Elle obliqua vers une petite clairière, s'aidant du sixième sens caractéristique des elfes, et trouva le corps d'une louve, couchée sur le flanc, tachée de sang, une plaie béante au ventre. La neige commençait à recouvrir doucement le corps, les flocons immaculés se posant avec douceur sur la fourrure grise, la rendant blanche. Minarol se laissa tomber à genoux près du cadavre, fut saisit d'un haut-le-coeur et se ressaisit en pensant à la pauvre louve. Néammoins, quelque chose la tracassait. C'était bien des gémissements qu'elle avait entendu tout à l'heure, or l'animal avait l'air d'être mort depuis déjà un bon moment.
Soudain, un hurlement de loup se fit entendre dans la forêt, se répercutant sur les arbres. Minarol avait peur. Malgré la puissance des elfes et leur dons spéciaux, il était très rare que l'un d'entre eux tue un loup à mains nues.
Or, justement, elle avait oublié son poignard et son arc.
Elle se releva prestement et voulu détaller en courant, lorsqu'un petit hurlement retentit d'une tanière, cachée derrière la louve. Ce hurlement était si pitoyable, que Minarol, complètement subjuguée, s'avança vers la tanière. Elle évita le cadavre et s'agenouilla devant l'ouverture béante, prête à s'enfuir au moindre problème. Mais son occupant ne semblait pas vouloir l'attaquer, car il continuait à pousser de petits hurlements tristes. Minarol s'avança un peu à quatre pattes et découvrit, lové sur le sol, un louveteau noir qui observait la jeune elfe de ses yeux larmoyants. Celle-ci sourit et caressa délicatement la fourrure de l'animal, en soufflant sur la petite tête pour le calmer. Le louveteau se leva brusquement et vient frotter sa tête en chancelant contre Minarol. L'elfe fut tellement surprise qu'elle hoqueta et faillit pousser un cri, mais se retient de justesse. Le louveteau semblait l'apprécier beaucoup, et elle fit le rapprochement entre lui et la louve morte dehors, qui devait être sa mère. Elle le prit dans ses bras, et décida de le ramener chez elle, après tout cet être allait sûrement mourir de froid, de faim et de soif. Elle se retourna pour sortir de la tanière, lorsqu'elle s'immobilisa, blême.
A l'entrée, près du cadavre de sa femelle, un loup noir l'observait de ses yeux jaunes, ses babines retroussées sur des canines immenses. Malheureusement pour elle, les loups du pays étant légèrement différent des loups communs, leurs canines étaient trois fois plus longues que celles des autres et faisaient la taille des doigts de la jeune elfe. Elle n'avait aucune chance. Celui-ci se préparait à sauter, les griffes sorties, en produisant des grognements. Minarol, tétanisé, se rappela d'un passage du livre qu'elle avait lu hier : "les loups n'attaquent que quand ils sont menacés, et seul les elfes expérimentés en matière de magie et d'armes sont capables de les combattre. Les loups n'aiment pas le feu, la lumière vive, et ..." mais elle ne se souvenait plus du reste. Alors, comme ça, ils n'aimaient pas la lumière vive, hein ? Minarol rassembla tout son courage et sa puissance, et psalmodia des paroles à toute vitesse, tandis que ses yeux de cristal et ses cheveux blancs irradiaient de lumière. Alors que leur couleur était éclatante, le loup plissa les yeux, essayant d'éviter que trop de lumière n'atteigne ses yeux, mais cela ne servit à rien, car déjà toute la tannière était illuminé de blanc. Pour plus de sécurité, Minarol avait caché les yeux du louveteau avec sa main. Le loup reculait doucement, la tête baissée vers le sol. Il buta sur le corps de la louve, qu'il avait complètement oublié, et la fraction de seconde pendant laquelle il tourna la tête vers le cadavre, Minarol en profita pour déguerpir à toute vitesse.
Le loup s'élança aussitôt à ses trousses.
La jeune elfe courait le plus vite possible, mais elle avait beau être rapide, le loup l'a talonnée de près, sa machoire claquant dans le vide fréquemment. Emmitouflé dans sa cape, le louveteau se blottisait contre la poitrine de Minarol, inconscient du danger qu'elle courait par sa faute.

Quand elle sortit de la forêt, elle s'aperçut que les gardes de la Forteresse avaient disparu des remparts et que le pont-levis qui permettait d'enjamber la rivière avait été enlevé. Sans hésiter, elle plongea dans l'eau froide. Elle remonta à la surface, permettant ainsi au louveteau de respirer, et nagea vers la rive. Pendant ce temps, le loup avait lancé un long hurlement et plusieurs de ses congénères le rejoignirent en grognant.
Lorsque Minarol se redressa sur la terre ferme, les loups s'apprêtaient à plonger eux aussi dans l'eau. Le louveteau, faible et de nouveau gelé, crachota à ses pieds. L'elfe, grelottant de froid et tremblant de tous ses membres, donna de vigoureux coups de poings contre le pont en bois, entaillant ses mains sur les aspérités. De l'autre côté de la rivière, un loup se jeta dans l'eau glacé, se débattant faiblement contre le courant, contraire à sa progression, et alors que sa fourrure épaisse aurait dû l'alourdir, il nagea fermement vers l'elfe et le louveteau. Voyons cela, Minarol perdit son sang-froid et hurla, tandis que tous les loups sautaient dans l'eau froide et nageaient vers elle. Un garde, qui passait par là, entendit les cris et reconnut Minarol. Quand il vit les loups qui traversaient la rivière, il couru chercher les autres. La jeune elfe, se voyant prise au piège, attrapa le louveteau, le cala dans le creux de son bras, et commença à escalader le pont-levis.
Les loups nageaient dans l'eau froide, gagnant un mètre à chaque seconde. Minarol grimpait vite, mais le pont semblait être infiniment haut. Epuisée par la magie, la course, la nage et l'escalade, elle avait du mal à rester consciente, et un elfe évanoui était une proie facile. Alors qu'elle sentait sa tête tournait et les loups montaient sur la berge sous ses pieds, les gardes affluèrent sur les remparts, équipés d'arcs tendus. Ils encochèrent leurs flèches dans un bel ensemble et firent feu en même temps. Dégainant à la vitesse de la lumière, les loups furent criblés de flèches.

Minarol fut hissé par deux jeunes serviteurs humains et la jeune elfe se laissa tomber sur le chemin de ronde, terriblement fatiguée. Lorsque tous les loups furent tués, les gardes recommencèrent à patrouiller sur les remparts. Vassili T'ilmianus, le jeune frère de Minarol, trouva sa soeur et la frictionna avec une serviette. Elle avait retiré sa cape, l'avait essorée et l'avait entourée autour du louveteau, qu'elle tentait de réchauffer. Vassili lui prit le paquet des mains et regarda le petit animal qui s'était lové dans le tissu, respirant tranquillement. L'elfe regarda sa soeur :

-Où l'as-tu trouvé ?
-Dans une tanière. Seul. Gelé. Près de sa mère. Morte.
-C'était sa meute, sa famille, indiqua Vassili en désignant les loups morts. Pas toi.
-Mais il était comme abandonné. Je veux le garder.
-Tu veux garder un loup ?
-Oui. Je l'éléverai moi-même, et il deviendra mon ami.
-Minarol, ce loup ne pourra jamais vivre avec toi. S'il est dangereux, tu y as pensé ? Qu'est-ce qu'il nous ferait ?
-Non, pas lui. Il ne m'a pas fait de mal. Il m'aime, Vassili, tu comprends ça ?
-Tu es aussi têtu que Loranim ! Bon, prends-le, si c'est ça que tu veux. Rentrons, maintenant.

Ils se relevèrent, Vassili gardant dans ses bras la cape de sa soeur avec le louveteau à l'intérieur. Les adolescents descendirent des murailles, marchant d'un pas vif parmi les ruelles encombrées de la Forteresse, tandis que Vassili soutenait Minarol de son mieux. Au bout d'un moment, ils arrivèrent en vue d'une maison en bois, aux grandes fenêtres ouvertes, avec des plantes qui dépassaient de tous les orifices. Les jeunes elfes passèrent le portail, traversèrent le jardin luxuriant et pénétrèrent dans le hall. Là, sur une couverture de plumes et de fleurs odorantes, Minarol se coucha et s'endormit presque aussitôt, épuisée par son aventure, bercée par les chants des oiseaux multicolores et le glougloutement des ruisseaux. Vassili déposa le loup sur le sol près de la couverture et passa dans l'autre pièce, préoccupé. Il trouva sa soeur Loranim couchée sur un lit de fougères, en proie à d'affreux cauchemars qui venaient la tourmenter dans son sommeil depuis plusieurs jours, et sa mère, Ludmilla T'ilmianus, une elfe aux yeux dorés et aux mèches argentées, qui écrivait un traité sur les plantes tropicales magiques. Vassili s'approcha et s'inclina devant sa mère, sa cape de lin touchant le sol de boiseries :
-Minarol est de retour, avec les plantes rares pour Loranim. Je les ai récupérées dans les poches de sa tunique.
L'elfe tendit une poignée d'herbes mouillées et Ludmilla les prit dans ses mains, arrêtant là son travail. Elle se leva, s'accroupit auprès de sa fille et appliqua les herbes sur son front. Elle en fit bouillir d'autres dans de l'eau chaude. Puis elle retourna près de son fils.-Où est-elle ? demanda t'elle d'une voix de velours.
-Elle a eu un contretemps, maintenant elle se repose dans le hall.
-Quel contretemps ?
-Elle a trouvé un louveteau dans la forêt.

C'était si inhabituel que Ludmilla écarquilla les yeux de surprise en observant son fils. Il était pale, bien qu'avec le teint de porcelaine des elfes se soit dure à dire, mais il semblait ... terrorisé.
-Il y a quelque chose d'autre ? Et où est-il, ce louveteau, maintenant ? Dans quelles circonstances l'a t'elle trouvée ?
Vassili réfléchissait. Devait-il partager ses soupçons et ses craintes avec sa mère ? Devait-il lui dévoiler comment Minarol était rentré à la Forteresse ? Ce qu'elle avait décidé ? Il décida de lui dire tout ce qu'il savait.
-Minarol a trouvé le louveteau dans une tanière près de sa mère morte. Min s'est fait pourchassé par toute une meute de loups, jusqu'à la Forteresse. Elle a traversé à la nage la rivière gelée, elle a même escaladé le pont-levis. L'un de mes amis l'a reconnu et les gardes royaux ont tué tous les loups. Elle veut élever le louveteau elle-même, elle dit qu'il ne l'a jamais attaqué et qu'il l'apprécie. Elle ne m'a pas écouté. Maintenant, il est à côté d'elle dans le hall. Et ...
Le visage de Ludmilla s'était décomposé lorsqu'elle avait appris ce qu'avait enduré sa propre fille pour un petit loup. C'était inconvenable, aucun elfe n'aurait pu approcher un loup sans en mourir.
-Continue, Vassili. Je t'écoute.
-Tu sais bien que j'ai étudié les différents espèces magiques vivant sur notre planète. Et je suis presque sûr que le louveteau de Minarol est un Focus lupus.

Là, Ludmilla en avait le souffle coupé. Sa propre fille avec un Focus lupus ? Cette race de loup était extrêmement rare et dangereuse, et nombreux étaient ceux qui croyaient que l'espèce s'était éteinte d'elle-même depuis de longues années. Les Focus lupus avaient le poil noir et luisant, une fourrure très épaisse, des crocs aussi impressionants que ceux des antiques dents-de-sabre, les sens affutés et aguérris comme ceux des elfes, deux queues blanches et la faculté de devenir comme une boule de feu vivante à près de 6000°. Ils pouvaient courir à vive allure durant des semaines sans s'épuiser, leur vitesse de pointe égalant celle des guépards terrestres, et ils pouvaient devenir herbivore, omnivore ou carnivore durant des périodes indéterminées.
Bref, une bête extraordinaire. Et l'elfe Minarol T'ilmianus avait receuilli l'un d'entre eux ? Génial.
-Il faut vérifier cela immédiatement, déclara Ludmilla d'une voix blanche. Et dire qu'il se trouve dans ma propre maison !
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MessageSujet: chap.2   Royaume elfique/t.1/L'elfe et le loup EmptyMer 7 Juin - 12:26

Minarol face à la Princesse Lidwine

Quand Minarol se réveilla, complètement reposée, elle avait une faim de loup. Elle contempla le louveteau qui faisait des galipettes parmis les plumes et lui caressa la tête. Surpris par ce geste d'affection, il tourna sa petite tête soyeuse vers elle et plongea son regard rougeoyant dans les yeux de cristal de l'elfe. Elle sourit. Le louveteau se rapprocha d'elle et entreprit de lui lécher le bout du nez, ce qu'elle apprécia moyennement car le souffle de l'animal était brûlant comme un brasier.
Son frère Vassili entra alors dans la pièce, soucieux, portant des fruits juteux et trois anchois. Le jeune elfe considéra un instant la boule de poils sur sa soeur, puis s'assit en tailleur parmis les fleurs. Il attendit que Minarol attrape le petit loup pour le poser par-terre. Puis Vassili choisit trois grosses mangues mures et les donna à Minarol, qui observa un instant les fruits. Elle les mangea goulumment, appréciant chaque bouchée qui l'aspergeait un peu plus de jus. A la fin, elle avait le visage légèrement orange, ce qui la fit rire quand elle se regarda dans le miroir en face d'elle. Elle chercha une serviette des yeux, mais n'en trouvant pas, elle décida de s'essuyer tant bien que mal à sa cape, qui était déjà très sale. Minarol prit ensuite les anchois des mains de son frère et les présenta au louveteau. Celui-ci flaira les petits poissons, puis en prit un petit bout entre ses crocs -déjà exagérément longs- et l'avala. Trouvant sûrement cela à son gout, il mangea les trois anchois en une seule bouchée.
Vassili regarda sa soeur, prit une grande bouffée d'air, puis déclara :

-Tu te rappelles mes cours particuliers avec Mr. Phong ?
-Le Magicien qui venait de l'Ouest et devait bien avoir au moins 500 ans ?
-Lui-même. Et avec lui, j'ai étudié des tas de choses, comme les espèces végétales et animales qui peuplent notre royaume. J'ai bien observé ce louveteau que tu as receuilli, et je pense que c'est un Focus lupus.

Minarol tourna des yeux effarés vers son frère, qui regretta aussitôt ses paroles.
-Comment ça, un Focus lupus ? Il ne peut pas en être un, regarde-le. Il n'a qu'une queue, des crocs normaux, il n'est pas très chaud et ...
-Il n'est encore qu'un louveteau, les caractéristiques propres à sa race apparaitront sûrement plus tard.
-C'était sa meute qui me poursuivait. Or ces loups étaient tous ce qui a de plus normaux, et ils étaient à l'age adulte !
-Comment ont-ils traversés la rivière ?
-Pardon ?
-Oui, l'eau était gêlée, ça tu as du le remarqué. Mais mon copain m'a dit que les loups avancés comme si de rien n'était.
-Et alors ?
-Alors ce sont des Aqua lupus. Et les Focus lupus ne peuvent naître que de deux Aqua lupus. Hum...tu veux toujours le garder ?
-Absolument. Je ne peux pas le laisser seul, il est encore trop jeune pour se débrouiller tout seul.

Vassili soupira.
-Bon, alors il faudra lui trouver un nom.
-Voyons, Focus lupus c'est loup de feu en latin, une langue terrienne disparue. Disons ... Pyronaï ?
-Pyroquoi ?
-Pyronaï. Moi je trouve que ça lui va très bien comme nom. Qu'en pense-tu ?
-C'est super ! Mais c'est toi qui t'en occuperas, soeurette !
-Je m'attendais un peu à ce genre de réactions de ta part. Je m'en occuperais seule, alors.

Pyronaï observa de ses yeux rouges la pièce qui allait lui servir de domicile, et détailla encore une fois sa maîtresse, une elfe de 13 ans humains aux cheveux blonds presque blancs, aux yeux de cristal à reflets dorés, aux oreilles pointues décorés de plusieurs anneaux d'argent et au teint de porcelaine. Il poussa un léger grognement et s'élança à travers la pièce, poursuivit par une Minarol hilare et un Vassili amusé.

Au bout d'un mois, tout le quartier elfique savait que Minarol T'ilmianus élevait un jeune Focus lupus répondant au nom de Pyronaï. Et tous, sans exception, étaient venus voir l'animal, admirer sa fourrure, ses crocs, ou encore évaluer sa rapidité et son endurance.

Vassili avait beau désaprouver totalement le fait qu'un Focus lupus habite avec lui, il ne pouvait se résigner à l'abandonner. Loranim, la soeur jumelle de Minarol, qui d'habitude ne lui adressait jamais la parole, venait dorénavement la voir tous les soirs et elles passaient des heures à parler de tout et de rien, comme si ça avait toujours été le cas.

Et après cinq mois, pendant lesquels Minarol s'était chargé de Pyronaï (apprentissage de la course, la chasse et la pêche), les Hauts Elfes avaient été avisés de l'existence d'un Focus lupus dans l'enceinte de la Forteresse. Et ce qui devait arriver arriva, Minarol fut convoqué expressement devant eux.

Le jour de sa convocation, elle tressa ses longs cheveux, enfila une robe de lin blanche, mit des escarpins et se drapa dans sa cape vert olive. Elle brossa la soyeuse fourrure noire de Pyronaï, qui possèdait maintenant deux petites queues blanches et des crocs étincelants, et lui ordonna de n'attaquer personne, même si on lui criait dessus (vu que la dernière fois que Ludmilla T'ilmianus avait osé élever la voix sur sa fille en présence de Pyronaï, elle avait eu sa cape déchiquetée) ou l'insultait. Puis la jeune elfe partit dignement vers la Tour de Cristal, batiment central où résidait les Hauts Elfes.

La Tour de Cristal devait son nom à sa hauteur vertigineuse, à son éclatante blancheur et à la transparence de ses murs et de ses portes. Le batiment comportait autant de chambres luxueuses qu'il y avait de Hauts Elfes, et rare était ceux qui en connaisaient le nombre exact. Plusieurs escouades de gardes assermentés patrouillaient en alternance au pied de la tour, et des sortilèges avaient été mis en place pour empêcher toute intrusion extérieure par les fenêtres ou le toit. Tous ceux qui voulaient entrer devaient être fouillés minutieusement et avoir une invitation ou convocation valable, sous peine d'emprissonement (ils ne rigolaient jamais à propos de la sécurité des Hauts Elfes) ou de bannissement.
Aussi, dès que Minarol, flanquée de Pyronaï, s'approcha de la Tour de Cristal, les gardes l'entourèrent, suspicieux, leurs hallebardes possitionnées vers le coeur de l'elfe et du Focus lupus.
Ce qu'il n'apprécia pas, mais alors pas du tout.
Il grogna, coupa de ses griffes les lances en tronçons de métal, puis poussa un hurlement si puissant que les gardes plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles dans un même mouvement. Minarol s'accroupit auprès de Pyronaï et le calma, entourant de ses bras blancs le cou noir du loup. Il poussa encore un grognement sourd puis se coucha sur le sol, les paupières closes, indiquant par là qu'il ne bougerait plus sans que sa maitresse le lui ai ordonné très clairement.
Voyant cela, les gardes reprirent une position plus digne et placèrent leurs mains sur le pommeau de leurs épées, prêts cette fois à toutes les possibilités. Minarol se releva et détacha de sa ceinture un rouleau de parchemin qu'elle donna à l'un des gardes. Celui-ci le déroula et en lut le contenu à haute voix :

-Nous, soussignés, les Hauts Elfes de la Forteresse, donnons à l'elfe Minarol T'ilmianus l'autorisation de pénétrer dans la Tour de Cristal en compagnie du Focus lupus, répondant au nom de Pyronaï, qui l'accompagnera, afin d'être reçu par nous-même lors de notre assemblée du 17 Miron de l'an 5467 de notre ère. Document en règle et authentique, je reconnais là l'écriture et la signature du Premier Secrétaire Elfique.
Pendant qu'il déclamait sa convocation, Minarol l'avait observé : ce garde était jeune, entre 12 et 13 ans elfiques, c'était un humain dont les cheveux d'un noir de corbeau étaient coiffés en catogan et dont les yeux bleus rêveurs brillaient sous le casque de métal qu'il portait, en plus d'une tunique de lin sous un plastron d'airain.
Lorsqu'il eut terminé de lire, il passa le parchemin à un garde plus agé, de race elfique, qui renifla le papier et récita des formules. Quand il eut finit son inspection minutieuse, il se tourna vers le jeune garde.

-Fouille-la.
Celui-ci ouvrit des yeux ronds, rougit, puis bafouilla :
-Mais... Commandant, ... c'est ... une elfe ... et ...
-Tu refuserez un ordre, Zacharias ?
tonna le commandant.
Zacharias déglutit, puis se tourna vers Minarol, qui avait croisé ses bras sur sa poitrine et regardait Pyronaï. Il la fouilla hativement, horriblement gênée et honteux de toucher une elfe, puis aussi rouge que sa tunique il regarda son commandant.

-Elle ne porte pas d'armes.
-Bien. Accompagne-la jusqu'à l'amphithéâtre, et tu y restera pour la surveiller attentivement. Compris ?

Zacharias inclina légérement le buste puis regarda l'elfe :
-Veuillez me suivre, heu... Minarol. Et ce Focus lupus également.
La jeune elfe s'accroupit et caressa la tête noire. Pyronaï ouvrit les yeux, jeta un coup d'oeil à Minarol puis se remit sur ses pattes en remuant ses queues. Min se releva et, suivit par Pyronaï, rejoignit Zacharias qui l'attendait sur les marches du perron en argent.

Ils passèrent les portes de cristal et pénétrèrent dans le hall, richement décoré, où les motifs gravés sur les murs de cristal étaient réhaussés d'or, où les tableaux aux couleurs éclatantes étincelaient, où les tapisseries soigneusement tissées semblaient vivres, tendues comme elles étaient devant les fenêtres à vitraux, où les statues d'elfes finement ciselées côtoiyaient les bustes humains marbrés.
Suivant le garde, Minarol découvrit tout le talent des artisans elfes, des sculpteurs nains ou des ouvriers humains. Partout cette même profusion de tableaux, de statues, de tapisseries et de bustes, comme si les décorateurs désiraient offrir ce qu'il y avait de mieux aux yeux des rares visiteurs.
Zacharias contemplait Minarol du coin de l'oeil, observant ses réactions face à tout cet étalage de richesses. Elle semblait resplendissante, heureuse, et le Focus lupus qui la suivait partout semblait partagé son humeur, car il reniflait les tapis odorants en remuant ses queues blanches avec joie.

-Désolé pour tout à l'heure. Je suis navré d'avoir dû vous fouiller...
-Ce n'est pas grave, répondit Minarol. Vous y été obligé de toute façon, je n'aurais pas pu m'y soustraire. Et puis vous êtes plutôt gentil, comparé aux autres gardes.

Zacharias rougit à nouveau et regarda ses bottes. Elle le trouvait gentil ?
-Pouvons-nous nous tutoyer ? demanda Zacharias.
-Bien sûr. Dois-je t'appeler "garde Zacharias" ? demanda l'elfe, un sourire ironique aux lèvres.
-"Zac" suffira, Minarol.

Dix minutes plus tard, ils arrivèrent au sommet de la Tour où se dressait, imposant, l'amphithéâtre sous un dôme en verre. Un trône en or serti de pierres précieuses reposait en son centre, entouré de fleurs multicolores, tandis que les gradins étaient en bois précieux, décorés de signes cabalistiques et de symboles de l'infini (chiffre huit couché). Les gradins étaient occupés par une myriade d'elfes adultes, la majorité étant de sexe féminin, tous vêtus d'une robe longue et d'une cape argentées, attendant silencieusement quelque chose.
Minarol, sidérée par le nombre impressionant de Hauts Elfes, saisit machinalement Pyronaï au collet et ses yeux tombèrent sur l'occupante du trône central, qui n'était autre que la princesse royale Lidwine.
Vêtue d'une longue robe dorée au décolleté plongeant, la princesse, une elfe de 17 ans, avait une opulente chevelure d'un blanc nacrée, qui ondulait en une somptueuse cascade jusqu'à ses petits pieds chaussés de sandales ouvragées, parsemées de diamants. Avec ses yeux d'or, comme ceux de la famille royale, sa couronne d'une trompeuse simplicité, elle était extraordinairement belle. A ses côtés était agenouillé une humaine de 14 ans dont les longs cheveux auburn touchaient le sol et les yeux vert émeraude fixaient le ciel nuageux.
Minarol s'arracha à la contemplation de la princesse et de sa suivante, et avança entre les gradins, sa main reposant sur la tête de Pyronaï. Zac, prudent, était resté à l'entrée de l'amphithéâtre et attendait près de la porte en suivant la jeune elfe des yeux.
Lorsque Minarol ne fut plus qu'à quelques mêtres du trône d'or, elle s'inclina et fit une extravagente révérence, cependant que Pyronaï inclinait le poitrail avant de lancer un hurlement énergique, qui fit sursauter la moitié de la salle. Quand elle se releva, Minarol était un peu gênée. La princesse observa attentivement Pyronaï, un sourire au coin des lèvres, puis dit :

-Magnifique animal, elfe Minarol T'ilmianus. Je suppose que ce hurlement était sa façon à lui de me saluer ?
-Evidemment, ô princesse Lidwine,
mentit Minarol qui avait été tout aussi surprise que les autres par la réaction de Pyronaï.-Est-ce que ce Focus Lupus a un nom ? Est-il dangereux ?
-Il se nomme Pyronaï, princesse, et à moins qu'on ne l'attaque, lui ou moi, il est aussi sage qu'un enfant.
-Prisca, allez le caresser.
-Oui, ô princesse Lidwine !
s'exclama l'adolescente humaine qui se leva et s'avança droit vers Pyronaï.
Celui-ci ne cilla même pas lorsque la suivante frotta sa fourrure luisante et le gratta derrière les oreilles. Ravie, Lidwine souriait en observant Pyronaï. Quand Prisca l'eu suffisament caresser à son goût, elle retourna auprès de la princesse après avoir adressé un clin d'oeil à Minarol.
-Magnifique, cet animal est magnifique. Que pensez-vous de me l'offrir comme présent à mes 17 ans elfiques, dans trois mois ?
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